POIDS, SANTE ET CORONAVIRUS Covid-19
Dernière mise à jour : 1 mai 2020
Le surpoids
Les personnes qui souffrent de surpoids constituent une population à risque élevé face au Coronavirus Covid-19. Notre experte en nutrition Dr Laurence PLUMEY fait le point et nous livre ses réponses et conseils.
Prestige & Santé : Concernant les personnes en surpoids et obèses. Que leur diriez-vous ?
Dr Laurence Plumey : « Les données médicales montrent que les personnes souffrant d’obésité sont des sujets à risque de complications. Je rappelle que l’obésité est définie par un Indice de Masse Corporelle (IMC) supérieur à 30. Le calcul se fait selon le rapport du Poids (en kilos) divisé par la Taille au carré (en mètre carré). Par exemple, un homme mesurant 1m 80 est considéré comme présentant une obésité au-delà de 97 kilos – et une femme mesurant 1m 66, au-delà de 83 kilos. Nous considérons divers degrés d’obésité, allant de l’obésité « simple » à l’obésité dite « morbide » avec un IMC > 40 (le même homme pèserait plus de 130 kilos et la femme plus de 110 kilos). Il est sûr que les complications liées à l’obésité sont des facteurs aggravants ; en effet ce sont des personnes qui présentent souvent également un diabète, une hypertension artérielle, des troubles respiratoires (apnée du sommeil, essoufflement permanent), un risque cardio vasculaire élevé … On ne sait pas encore si l’obésité en elle-même, et indépendamment des complications qui lui sont liées, est un facteur de fragilisation mais on sait toutefois que les obèses ont souvent de moindres défenses immunitaires. Ce sont donc de toute évidence des personnes à risque de formes graves d’infection Covid-19, qui doivent absolument rester confinées et faire l’objet de toutes les précautions en matière de respect des mesures barrière (masques, gel hydro alcoolique, lavage des mains). Avis aux employeurs. »
« Quant à la conduite à tenir à la maison, en confinement, je conseille d’abord de bien prendre ses traitements, pour bien contrôler les pathologies. Ensuite, il faut veiller à ne pas prendre davantage de poids. Même 2 ou 3 kilos de plus peuvent faire la différence en termes de déséquilibre des pathologies existantes ou à venir. Il ne faut donc pas banaliser la prise de poids. Dans ces conditions, veiller à faire des repas sains, variés et équilibrés.
Surtout ne pas se lancer, dans la panique, dans des cures de jeûne ou des régimes restrictifs sévères qui ne font qu’aggraver le déficit immunitaire et la fragilisation générale. Augmenter la consommation de légumes (à chaque repas) ; partager son assiette entre les légumes et les féculents ; ceux-ci sont utiles pour bien rassasier et limiter le risque de grignotage. Manger de la viande, du poisson et/ou des œufs. Remplacer les desserts sucrés et les biscuits du goûter par un fruit et des amandes. Les petits efforts réguliers font les grands succès … »
Quelques exemples : « au petit déjeuner, 2 tartines de pain complet ou aux céréales ou tradition, légèrement beurrées (pas de miel, ni de confiture), un yaourt nature ou un bol de fromage blanc à 0% de MG avec des fruits rouges (frais ou surgelés), thé ou café (sans sucre) – au déjeuner, une part de viande ou de poisson avec mi légumes mi féculents, un peu de pain tradition, une part de fromage ou un laitage nature, un fruit frais - au goûter, un fruit (éviter la banane), un laitage nature et des amandes – au dîner, un plat avec un part de poisson ou 2 œufs, avec surtout des légumes et un peu de féculents et terminer par un fruit frais. Boire de l’eau avant, pendant et après les repas. Les édulcorants sont autorisés.
Et bien évidemment, augmenter son niveau d’activité physique en fonction de ses capacités. Il n’est rien de pire que la sédentarité. Marcher dans son appartement et suivre des tutoriels sur la gymnastique douce est recommandé. Ces conseils sont également valables pour les personnes qui ont un surpoids modéré. Veiller d’ailleurs à se peser régulièrement pour ne pas avoir de mauvaises surprises lors de la levée du confinement ».
Et concernant les personnes à risque cardiovasculaire ?
« Très important : ne pas changer ses traitements habituels, que ce soit concernant les anti hypertenseurs et/ou l’aspirine à faible dose et/ou les anticoagulants et/ou les statines. Par ailleurs, concernant l’alimentation, limiter sa consommation de graisses saturées en évitant les produits de grignotage gras (les chips devant la télé), la charcuterie (le saucisson du soir), les fritures (les frites un jour sur deux), le beurre (la couche d’un centimètre sur le pain du matin), le fromage (le demi camembert du soir). Privilégier les graisses de l’huile d’olive (une cuillère à soupe par jour) et des amandes (une belle poignée d’une vingtaine d’amandes par jour, surtout l’après-midi, pour calmer le petit creux). Manger des Oméga 3 grâce aux poissons gras (sardines, maquereau, saumon, hareng) au moins 2 fois par semaine, en frais, surgelé ou en conserve. Utiliser, pour les assaisonnements, l’huile de colza ou de noix et les margarines aux Oméga 3 voire aux phytostérols (en cas d’excès de mauvais cholestérol, uniquement).
La crème, d’accord, mais allégée à 15 voire 8% de MG. Quant au sel, doucement, doucement. Redécouvrir le goût subtil des épices, ail, oignon, herbes aromatiques pour donner du goût à ce que l’on mange. Je précise, par ailleurs, que le vin rouge n’est pas un protecteur miracle du cœur et des vaisseaux ».
Merci au Dr Laurence Plumey, médecin nutritionniste, fondatrice de l’Ecole EPM Nutrition, professeur de nutrition à l’Ecole de diététique de Paris. Praticienne des Hôpitaux de Paris et IDF : Necker (Obésité de l’enfant), Antoine-Béclère à Clamart en gastroentérologie et nutrition (Obésité de l’adulte).
LIRE : « Le Monde Merveilleux du Gras. Tout sur ces rondeurs qui nous habitent » aux Editions Eyrolles. Publié en mars 2020.
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