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Vitamine D et Covid-19

Dernière mise à jour : 11 mars 2021

Un nombre croissant d’études émanant de sociétés savantes montrent que la vitamine D contribuerait à réduire l’infection par le SARS-CoV-2 et le risque de formes sévères. Faut-il comprendre que nous devons tous nous supplémenter ?


Un sujet intéressant et prometteur que je vous propose de partager en compagnie du Dr Laurence PLUMEY, médecin-nutritionniste, praticien hospitalier, qui a répondu à mes questions :

Salade de saumon(c)MF Souchet


Les seules armes efficaces dont nous disposons sont le port du masque, les gestes barrières et la vaccination. On parle beaucoup de vitamine D en ce moment : que disent ces études ?

Réponse du Dr Laurence Plumey :

« Citons l’une d’entre elles, de nature observationnelle et rétrospective menée sur 212 cas de patients infectés par le Sars-CoV2 : tous les patients ayant une forme sévère voire terminale de la Covid-19 étaient en carence de vitamine D, alors que 96% des patients ayant eu peu de symptômes avaient des taux sanguins de vitamine D suffisants. De même en Norvège, les premiers résultats de l’étude Koronstudien.no montrent que les consommateurs réguliers d’huile de foie de morue sont moins à risque d’être sérieusement infectés par le virus. »

Donc il semble logique de penser que les personnes qui ont un taux sanguin suffisant de vitamine D soient mieux armées pour résister aux virus.


Quels sont les mécanismes qui font que la vitamine D soit impliquée dans les défenses immunitaires ?

Dr LP : « Tout le monde sait que la Vit D facilite l’absorption intestinale puis la fixation du calcium au niveau de la matrice osseuse, mais cette vitamine est fantastique car elle a de nombreux autres rôles dans notre corps. La forme active de la Vit D dans le sang augmente la mobilisation des lymphocytes vers le site de l’infection, freine la synthèse de cytokines pro inflammatoires (celles-là même qui sont responsables de l’orage cytokinique dans la COVID-19) et augmente la synthèse de l’angiotensine 1-7 qui contrecarre les effets hypertenseurs de l’angiotensine II activée indirectement par le virus. Ainsi la vit D, en quantité suffisante, contrarie les effets délétères du virus sur la pression artérielle en favorisant la dilatation des vaisseaux alors que l’infection virale tend à la constriction des vaisseaux et donc à l’hypertension artérielle menaçant ainsi la vitalité des reins et du cœur.

Autrement dit, la Vitamine D mobilise nos défenses tout en contrôlant l’inflammation et freine l’action délétère du virus sur le fonctionnement de nos organes, qu’il s’agisse des poumons, du cœur et des reins. Raison pour laquelle, on pense même que l’administration d’une dose forte de vitamine D dès le début de l’infection pourrait limiter le risque d’évolution vers une forme grave. »

Dr Laurence Plumey


Disposons-nous d’études ayant montré l’effet bénéfique d’une forte supplémentation sur la prévention de la COVID-19 ?

Dr LP : « Oui, mais précisons que ces fortes doses ont été données à des patients déjà infectés dans l’objectif d’essayer d’éviter l’évolution vers une forme grave. Ainsi, un essai randomisé mené sur 76 adultes âgés en moyenne de 53 ans et hospitalisés pour raison de Covid-19, a montré que 50% de ceux qui n’ont pas eu de supplémentation ont eu besoin de réanimation, contre seulement 2% de ceux qui ont été supplémentés.

De même une autre étude a montré que suite à l’administration d’une forte dose de Vit D (50.000 UI/J pendant 7 jours) chez des personnes carencées, 63% d’entre elles n’avaient plus d’ARN viral dans le nez au bout de 21 jours contre 21% dans le groupe placebo. Ceci a été confirmé par des études menées en France, ayant rapporté moins de formes graves chez des personnes âgées hospitalisées ou vivant en EHPAD.

En conclusion un shoot de Vit D, sous contrôle médical, dès le début d’une infection au SARS CoV-2 diminue le risque de développer une forme grave et accélère le processus de guérison. Je rappelle que ceci doit se passer sous contrôle médical et non pas de sa propre initiative, car ce sont de fortes doses souvent 100 fois supérieures à notre besoin quotidien. »


Justement, y a-t-il un risque de surdosage ?

Dr LP : « Dans un traitement, il faut toujours appliquer la règle de la balance avec une évaluation des avantages et des inconvénients. Là, en l’occurrence, avec des patients hospitalisés, le risque est tel avec une forme grave de Covid-19 que les effets secondaires éventuels d’un shoot de Vit D ne pèsent pas lourd. En l’occurrence on surveille la calcémie qui risque d’augmenter. »


Mais en dehors des cas de patients hospitalisés, que peut-on recommander aux personnes qui ne sont pas infectées, ou qui le sont mais qui n’ont pas de formes graves ?

Dr LP : « En dehors de toute infection, et en règle générale, il faut de toutes façons ne pas être en carence de Vit D. Quand on vit dans une région ensoleillée comme le Sud de la France et que l’on mange au moins 2 à 3 fois par semaine du poisson gras (sardine, hareng, maquereau, saumon), le risque d’être en carence est faible. En revanche, si on vit plus au Nord, avec un faible ensoleillement, la supplémentation est vivement recommandée. »


Pouvez-vous détailler les circonstances qui augmentent le risque de carences ? Et comment savoir si on manque de Vitamine D ?

Dr LP : « Une partie de nos besoins est assurée par la capacité qu’a notre peau de transformer un dérivé du cholestérol en Vit D grâce aux rayons UVB du soleil. Donc, toutes les personnes qui sortent peu (personnes âgées, étudiants, accros des jeux videos) et personnes dont la peau est foncée en fabriquent très peu. Elles sont dépendantes des apports alimentaires de Vit D, qui, s’ils ne viennent pas, les conduisent progressivement à la carence.

Autres causes : l’insuffisance hépatique, l’insuffisance rénale, la prise de certains médicaments (anti épileptiques, corticoïdes). En cas d’obésité (la graisse abdominale séquestre la Vit D) mais aussi de diarrhée chronique et de by-pass chirurgical. Sont également concernées les femmes à risque élevé d’ostéoporose et qui consomment trop peu de produits laitiers (pour le calcium) et de poissons gras (pour la Vit D).

On estime que 50% de la population générale est en manque sans le savoir : les symptômes sont discrets en dehors d’une fatigue chronique et parfois de douleurs osseuses et musculaires. Signes courants mais les gens n’y prêtent pas attention. »


Que recommandez-vous ? Comment se supplémenter ?

Dr LP : « On devrait supplémenter en Vit D toute l’année ces personnes à risque de carence, et les autres systématiquement en hiver de façon à ce que tous aient une concentration suffisante d’au moins 30ng/ml de Vitamine D (25-OH) dans le sang. Sur la base de certaines études, on recommande une dose de supplémentation d’environ 1000 à 1200 UI/jour, soit en gouttes quotidiennes, soit en ampoules mensuelles (50 000 UI/ampoule) ou trimestrielles (100 000 UI par ampoule). En cas d’obésité, doubler cette dose. Idéalement il faudrait doser le taux de Vit D dans l’analyse de sang et adapter la dose. »


ATTENTION ! La Vitamine D en tant que médicament ne peut être prescrite (et achetée) que sur ordonnance. Existant aussi en « complément alimentaire » (donc vente libre), ne pas prendre de doses excessives sous prétexte de se protéger : risque de surdosage !


Quelles sources alimentaires privilégier ?

Dr LP : « Les fameux poissons gras 2 à 3 fois par semaine sous toutes leurs formes : saumon, sardines, hareng, maquereau, truite. Qu’il soit cru, cuit, surgelé, en conserve, ses teneurs en Vit D changent peu. On peut compléter par de l’huile de foie de morue maintenant désodorisée et délicieuse quand elle est citronnée (en assaisonnement) : une simple cuillère à café couvre le besoin quotidien. Il existe aussi des marques de laits et de fromages blancs enrichis en Vit D : un pot de 100g par jour couvre 30% du besoin recommandé. »

Maquereaux(c)depositphotos


Concernant les défenses immunitaires, avez-vous d’autres conseils à donner ?

Dr LP : « Il faut penser à un apport correct de Vitamine C. Manger 2 à 3 fois par jour un fruit comme l’orange, clémentine, kiwi, ou boire un jus d’orange chaque matin (pressé maison ou en bouteille) : il couvre à lui seul entre 60 et 70% du besoin quotidien en Vitamine C.

Il faut soigner son microbiote intestinal : plus il est en bonne santé, mieux nous nous portons. Plus surprenant : certaines souches de ferments lactiques ont démontré, chez l’animal et chez l’homme, la capacité d’augmenter la réponse vaccinale, en particulier lors d’un rappel vaccinal contre la polio (étude à l’appui). Il est trop tôt pour l’étudier avec le vaccin contre la COVID-19 mais l’hypothèse est suffisamment séduisante pour la tenter soi-même. Il ne peut être que bon de manger régulièrement des laits fermentés aux probiotiques, des yaourts -voire de faire des cures régulières de ferments lactiques du genre Bifidobacterium et Lactobacillus. »


« Enfin, n’oublions de dormir suffisamment. Des études ont démontré que dormir moins de 6 heures par nuit multiplie par 4 le risque d’attraper un rhume -et ceci par une moindre réactivité de lymphocytes. La privation de sommeil amoindrit également la réponse vaccinale. Ceci a été démontré avec le vaccin contre l’hépatite B ; les personnes qui dormaient moins de 6 h par nuit avaient une protection immunitaire moindre que ceux qui dormaient au moins 7 à 8 heures par nuit. »




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